Tribu Duigou

Il faut bien reconnaître que ce sont la grisaille et l’approche du mauvais temps qui nous poussent à quitter El Chaltén et à prendre la route direction El Calafate.

En effet, bien que relativement proches l’une de l’autre (à l’échelle de l’Argentine bien sûr), le temps peut vraiment varier entre ces deux villes. Ceci étant, nous n’y échappons pas et après une journée à découvrir le centre-ville d’El Calafate, la pluie pointe le bout de son nez dans la nuit, et ce généreusement. Ajoutez à celle-ci un vent à déplumer les guanacos et vous avez de quoi tester l’étanchéité de votre camping-car… 😜

Au petit matin, le calme est revenu (pas de soucis Andiamo est toujours aussi protecteur), et madame météo annonce une accalmie pour la journée, et même du soleil dans l’après-midi… Ni une ni deux, nous levons le camp pour nous rendre au Perito Moreno. Une heure plus tard, nous voilà sur le parking du fameux glacier, à casse-crouter avant notre expédition du jour. Nous enfilons donc au plus vite nos chaussures et filons sur les passerelles construites aux abords du monstre de glace. Et oui, voici pour info ses impressionnantes mensurations : 30 kilomètres de long, 5 kilomètres de large, 170 mètres de haut dont 74 mètres émergés, et 700 mètres d’épaisseur à certains endroits.

Très vite, les qualificatifs nous manquent tellement le spectacle est beau. Quelque soit l’angle par lequel nous le voyons, nous ne pouvons nous retenir d’immortaliser l’instant. Tantôt blanc tantôt bleuté, il craque et semble même respirer… De temps à autre, il gronde littéralement et laisse dans la foulée une partie de lui-même sombrer dans l’eau qui l’entoure. Mais contrairement à ce que l’on peut penser, il s’agit d’un phénomène naturel normal. D’ailleurs, le Perito Moreno est l’un des trois seuls glaciers de Patagonie qui avancent (+ 2 mètres de glace chaque jour avec une perte similaire dans le lac Argentino), là où tant d’autres reculent et subissent les conséquences du réchauffement climatique.

Après avoir parcouru l’intégralité des passerelles pour ne rater aucun point de vue, nous ne nous lassons pas de le contempler et décidons de jouer la carte de la patience, appareil photo et smartphone à la main, et ce pour filmer l’effondrement d’un morceau de glace.

Au bout de quelques dizaines de minutes, il n’en est toujours rien et le vent glacial finit par nous rappeler que nous avons aussi trois enfants… Il est donc temps, raisonnablement, de quitter le Perito Moreno et de rentrer au CC. Mais ce n’est qu’une fois que nous lui tournons le dos et que nous sommes suffisamment éloignés pour le voir que nous entendons un bruit tonitruant. Nous revenons pour la forme sur nos pas, mais arrivons trop tard bien sûr : un immense pan de glace vient de tomber et provoque déjà un mini raz-de-marée sur des centaines de mètres 😱😜😂

Mais c’est sans rancune, car nous venons de passer une journée simplement exceptionnelle !